🌙 Contes Nocturnes & Poétiques: Le Silence de la cuisine de Noisette

17 Mars 2025

Contes Nocturnes & Poétiques

C’est l’histoire d’une femme brisée, que la vie malmène et que les autres achèvent sans même le savoir. Chaque jour, elle travaille en cuisine sous les ordres cruels d’une cheffe qui la méprise, sans jamais deviner qu’elle lutte simplement pour survivre, pour nourrir son enfant. Cette femme pleure en silence, le cœur en morceaux, les joues sèches d’avoir trop pleuré. Elle mange pour se remplir, mais rien ne la console. Sur le toit, sous la pluie, elle regarde l’horizon comme on regarde le néant.

Ce conte met en lumière l’inconscience de la méchanceté ordinaire : ces mots que l’on jette sans penser, et qui tombent sur des âmes déjà au bord du précipice. Une histoire qui nous rappelle de faire attention à la douleur que l’on ne voit pas, de ne pas rajouter une pierre sur le dos de ceux qui ploient déjà sous le poids de la vie.

Il était une fois une femme dont le cœur pleurait plus fort que ses yeux.
Tous les jours, elle entrait par la porte de service d’une grande cuisine, les mains pleines de courage, les poches pleines de vide. Elle cuisait les plats que d’autres savouraient, alors qu’elle, jamais, n’avait de quoi remplir son assiette.

La cheffe, fière et dure, lui crachait ses ordres à la figure comme on jette les restes au chien.
"Sale bonne à rien", "Gros tas", "Bouge-toi, feignasse".
Mais cette femme restait muette. Non par respect, non. Par épuisement. Parce qu'elle savait qu'elle ne pouvait pas se permettre de perdre ce travail — car au bout de la route, un enfant l’attendait.

Et le soir, quand la dernière assiette était lavée, quand la dernière insulte avait claqué, elle montait sur le toit.
Là, sous la pluie fine, elle pleurait sans bruit.
Le vent, complice fidèle, emportait ses sanglots.

Elle n’était plus qu’une ombre. Une survivante, pas une vivante.
Elle n’avait plus de goût pour la vie, plus d’envie de danser, plus d’amour pour elle-même.
Ses repas étaient devenus des supplices, ses rêves des prisons.
Elle mangeait pour se remplir, mais rien ne comblait le gouffre.

Et pendant que sa fille jouait à faire des châteaux de sable, elle, assise seule dans sa voiture, fixait la mer comme on regarde l’infini : avec ce vertige de savoir qu’on pourrait s’y jeter et disparaître sans que personne ne demande pourquoi.

Avant d’ouvrir la bouche pour blesser, souvenez-vous : certains se tiennent debout par miracle. Ne soyez pas celui qui les pousse dans le vide. Car derrière les sourires fatigués, il y a peut-être une guerre dont vous ne savez rien.