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🕰️ Histoires de Boucles Temporelles & Destin: L'aéroport et les Gens
Date
30 octobre 2022
Genre
Histoires de Boucles Temporelles & Destin
Description
Dans le hall impersonnel d'un aéroport, passagers et destins se croisent. Un homme charismatique attire les regards, sa compagne lutte en silence contre la peur de le perdre. Une jeune femme, perdue dans ses écouteurs, tente d'oublier le tumulte. Chacun attend, pressé d’embarquer, tandis que l’avion se fait attendre. Au milieu d’eux, l'ancienne hôtesse de l’air observe cette humanité en transit, entre impatience, inquiétude et indifférence aux travailleurs de l’ombre qui rendent ce voyage possible.
L'aéroport et les Gens
Ils attendent, tous, chacun à leur façon, dans ce hall impersonnel, bercé par la voix lointaine du P.A. qui annonce, retarde, répète.
Lui, assis sur son fauteuil, patiente. Parfois le regard perdu sur l'écran de son ordinateur, mais plus souvent scotché à son téléphone. La fatigue le guette, il ferme les yeux par moment, non pour dormir, mais pour dissimuler l’impatience qui grandit. Une pause. Il observe un instant la bouteille d’eau sur la table, hésite, puis finit par poser son téléphone pour boire, comme un réflexe mécanique.
Plus loin, une jeune femme, écouteurs sur les oreilles, tente d’oublier le brouhaha des lieux. Les annonces, les valises, les pas pressés. Elle discute à voix basse avec ceux qui l’accompagnent, car elle n’a jamais vraiment voyagé seule. Et malgré elle, son regard se pose sur cet homme.
Car il attire les regards, cet homme-là. Séducteur malgré lui. Sa carrure impressionne, sa beauté trouble. Quand il se lève, il en impose. Les jeunes femmes, autour, rougissent et le dévorent des yeux.
À ses côtés, une femme l’observe, celle qui partage sa vie, celle qui l’aime mais qui craint ces regards appuyés. Elle détourne parfois les yeux, mais surveille, inquiète. Ce n’est pas de la jalousie, non, mais la peur sourde de perdre celui qu’elle aime. Ses regards deviennent des flèches silencieuses, comme pour rappeler aux autres qu’il est déjà pris.
Derrière eux, d’autres passagers, des familles, des amis, font rouler leurs valises avec fierté. Car voyager n’est pas donné à tous, et chacun semble mesurer ce privilège à sa manière.
Certains fixent les panneaux d’affichage, impatients. D’autres font semblant d’être détachés, quand l’attente les ronge. Ils sont tous là, pressés, coincés, regardant la porte d’embarquement toujours close. Car l’avion n’est même pas encore arrivé.
Enfin, l’annonce tombe, le vol est là. Il se lève d’un pas ferme. Le retour approche, et pourtant dans sa tête déjà, les soucis du quotidien se pressent : ce qui l’attend, ce qu’il redoute, ce qu’il devra affronter une fois au sol. Même le vol à venir lui semble un inconfort de plus, entre incertitudes et fatigue.
Elle, au milieu d’eux tous, observe. Elle regarde les avions à travers les vitres, les préparatifs sur le tarmac. L’ingénierie l’émerveille encore. Elle aime les avions, elle avait été hôtesse de l’air, mais elle ne saute plus de joie pour autant. Seul son père partageait avec elle ce regard émerveillé et à ces moments là, elle redevenait enfant. Car bien que dans ses jeunes années sa fille avait pris goût à ces merveilles, en grandissant, elle, n’aimait plus ça.
Chacun rejoint sa place à bord, range ses affaires, s’installe, se bouscule pour quelques heures de vol. Mais déjà, je sais qu’à l’atterrissage, tous se lèveront en même temps, formant cette file d’attente mécanique, comme s’il existait une porte invisible qui leur permettrait d’arriver plus vite au sol.
Et comme toujours, ils se presseront vers les tapis de livraison de bagages, oubliant, au passage, les hommes de l’ombre qui chargent et déchargent sous la carlingue, dans le vent et le bruit des moteurs.
Histoires de Boucles Temporelles & Destin: L'aéroport et les Gens par Aude Volny-Anne

