🌙 Contes Nocturnes & Poétiques : Quand le Ciel s’Ouvre

08 Mars 2025

Contes Nocturnes & Poétiques

Quand le Ciel s’Ouvre est un récit empreint de mystère et de douceur, inspiré d’un souvenir d’enfance où la frontière entre rêve et réalité s’efface. Une nuit, bercée par le murmure de la pluie et le ronronnement de la route, une fillette de six ans observe des lumières étranges danser dans le ciel. Une porte s’ouvre, laissant apparaître des êtres lumineux qui disparaissent un à un dans l’infini. Ce conte nocturne, porté par l’innocence et l’émerveillement, invite à un voyage onirique entre ciel et terre, où la magie se dévoile aux âmes attentives.

La tête collée contre la vitre, je suis assise à l’arrière de la voiture. J’ai six ans. Le ronronnement des roues sur le bitume accompagne un fredonnement silencieux dans ma tête. La pluie, fine et discrète, trace des sillons liquides sur la fenêtre. Je les observe avec une fascination enfantine, suivant du bout des yeux leur course éphémère, attendant de voir si elles allaient se rejoindre, se heurter, fusionner pour devenir plus grosses. Comme si chaque goutte portait un secret que seul mon regard innocent pouvait percer.

À côté de moi, mon petit frère, trois ans, dort paisiblement dans son siège. Je tends mes jambes prudemment pour ne pas le déranger, puis je me replie à nouveau contre la vitre, le regard tourné vers le ciel.

C’est là que je les vois.

Ils apparaissent comme des fragments de lumière flottant dans l’obscurité, des éclats dorés virevoltant parmi les étoiles. Certains sont translucides, d’autres plus éclatants, entourés d’une brume bleutée qui semble vibrer au rythme d’une mélodie silencieuse.

D’étranges faisceaux lumineux tournoient autour de la voiture, virevoltent dans l’obscurité comme une danse silencieuse. Je cligne des yeux, mais ils sont toujours là. Mon souffle se suspend. Je ne comprends pas. Est-ce que je suis la seule à les voir ?

Une boule d’inquiétude me serre la gorge. J’ouvre la bouche, hésitante, puis je murmure :

— Maman, regarde en haut… Il y a des trucs qui tournent autour de la voiture.

Elle lève les yeux, plisse le regard.

— Je ne vois rien, ma chérie.

Mon père, concentré sur la route, ne détourne même pas la tête.

Je ferme les yeux. Peut-être que j’ai rêvé. Peut-être que c’est juste un jeu de lumière, un reflet, une illusion d’enfant. Un son grave et lointain résonne alors, profond, vibrant, semblable au souffle d’un violoncelle.

Mais la curiosité est plus forte. Je les rouvre.

Ils sont toujours là.

Une immense vague tourbillonnante m’enveloppe, comme si je flottais au cœur d’un tourbillon invisible que personne d’autre ne perçoit. Le ciel semble parcouru de traînées lumineuses, une immense rivière d’étoiles filant en diagonale, où flottent ces êtres aux contours irréels. Chaque battement d’aile projette une lueur fine, comme si l’espace lui-même vibrait sous leur passage.

La voiture ralentit, puis s’arrête. Mon père se gare.

Je sors, pointant du doigt la source de mon trouble.

— Là ! Regardez !

Et cette fois, ils voient.

Ma mère, mon père, mon frère encore ensommeillé… Ils lèvent la tête et s’émerveillent. Je vois leurs yeux s’agrandir, se remplir de lumière.

Un à un, les faisceaux lumineux que j’ai observés commencent à s’élever vers la porte suspendue dans le ciel. Ils y entrent lentement, comme attirés par une force invisible. Nous restons là, fascinés, silencieux, tandis qu’ils disparaissent dans cette ouverture éthérée.

Puis, lorsque le dernier être a traversé, la porte se referme doucement, comme si elle n’avait jamais existé. Il ne reste qu’un léger éclat dans le ciel, une traînée dorée se dissipant lentement, comme la dernière note d’une symphonie qui s’éteint dans le silence de la nuit.

Edmond, le voisin, sort de chez lui en entendant du bruit. Il suit mon regard, fronce les sourcils, puis s’adresse à mon père d’un ton inquiet :

— Tout va bien, Miguel ? Qu’est-ce que vous regardez comme ça ?

— Tu ne vois rien d’anormal ? demande mon père sans insister.

Il secoue la tête.

Je cligne des yeux, un frisson me parcourt. Mon regard reste fixé sur les anges, fascinée par leur éclat irréel.

Mais moi, je vois tout.

Mon père porte mon frère endormi dans ses bras, et ma mère m’invite à me couvrir la tête avant de faire de même. Ensemble, nous rentrons dans la maison. Il était environ quatre heures du matin.