Démonite : La maladie d'aimer en silence

16 Mars 2025

Anges & Démonites de Aude Volny-Anne
2024 - 2025

Démonite : La maladie d’aimer en silence raconte l’histoire d’une femme forte en apparence, figée derrière une armure de glace, mais qui se brise en secret face à un homme qu’elle aime en silence. Lui, froid et distant, ne voit pas les tremblements qu’il provoque en elle, ni les appels muets qu’elle lui lance. Prisonnière de ses propres murs, elle lutte contre cet amour qui la ronge — sa "démonite", ce mal de cœur qui ne dit pas son nom.
"Aimer sans un mot, souffrir sans un geste — la maladie d’aimer en silence."

Il était une fois une femme au regard dur, au visage de pierre. On disait d’elle qu’aucun cœur ne battait derrière ses yeux sombres. Pourtant, dans l’ombre, elle pleurait des larmes invisibles, retenues, car elle avait appris que montrer sa douleur, c'était donner aux autres le pouvoir de la briser davantage.

Lui, il était là, à ses côtés, sans jamais vraiment l’approcher. Un homme au regard froid, mais envoutant. Ses cheveux noirs comme la nuit se terminaient par des mèches d'or, comme si le soleil lui-même avait tenté d’éclairer cette obscurité. Elle le regardait en silence, sachant que si ses yeux croisaient les siens, ils s’illumineraient. Mais il ne regardait jamais assez longtemps.

Ils travaillaient ensemble, mais ce n'était pas le travail qui comptait. C'était cette guerre muette de regards fuyants, ces silences chargés de tout ce qu’ils n’osaient pas dire.

Un soir, alors que tous partaient, elle se retrouva seule face à ceux qui n’étaient pas vraiment les siens. Son cœur, déjà en miettes, se fendit en deux. Dans un murmure que personne n’entendit, elle pria : "Ne me laisse pas seule, pas maintenant." Et il resta. Il ne dit rien, mais il resta là, comme une sentinelle invisible, jusqu’à ce qu’elle sente la chaleur revenir au bout de ses doigts glacés.

Quand l’heure fut venue de quitter les bureaux, ils descendirent ensemble, serrés dans la petite cage d’acier de l’ascenseur.
Elle n’avait pas mis de musique ce soir-là. Pour la première fois, ses oreilles n’étaient pas cachées derrière ses écouteurs, comme une invitation discrète, une porte entrouverte qu’il aurait pu voir. "Parle-moi..." criait son silence, mais il ne l’entendit pas.
Et tandis que son souffle caressait sa nuque, elle tremblait. Non pas de peur, mais de cette tendresse violente qu’elle retenait de toutes ses forces. Elle tremblait d’être si proche, tremblait que sa douceur cachée soit trop brute, trop nue, trop fragile, face à l’image qu’elle donnait au monde. Cette image froide, sévère, qui poussait les autres à vouloir la briser, à la heurter, tant elle paraissait inaccessible. Mais lui... lui, il ne voyait pas que cette froideur n’était qu’un rempart, une armure pour masquer la tempête intérieure.

Quand les portes s’ouvrirent, il sortit sans un regard, et elle suivit, chacun partant dans une direction opposée. Deux âmes que tout aurait pu rapprocher, mais que le silence avait séparées.

Et puis, un jour, elle disparut. Elle quitta ce monde de glace sans adieu, comme une ombre qui se fond dans la nuit. Mais elle laissa derrière elle cette empreinte secrète, ce murmure que lui seul aurait pu entendre s’il avait su écouter : "Retrouve-moi."

Car sous la glace, il y avait encore une mer en mouvement, mais personne n’avait su s’y aventurer.